« On sait que l’homme fait sortir du bois les virus portés par les chauves-souris et la faune sauvage que nous coupons de son habitat originel… Les ennuis arriveront du réchauffement climatique, de la destruction de la nature et de l’infiniment petit, les virus».

Dramatiquement prémonitoires, ces propos sont de Jean-Marie Pelt et ils datent d’il y a plus d’une dizaine d’années lors d’une interview réalisée dans son bureau à l’occasion de la parution de l’un de ses nombreux ouvrages.

Décédé voici déjà cinq ans, le père de l’Institut européen d’écologie avait vu juste : née en Chine en décembre dernier, l’actuelle pandémie de maladie à coronavirus illustre parfaitement la lourde responsabilité de l’homme vis à vis de cette biodiversité qu’il ne cesse de détruire, déclenchant ainsi ces processus de zoonose capables de paralyser la planète entière.

Mais dans ce contexte si anxiogène et qui semble s’être installé pour un moment, Jean-Marie serait sans doute ravi de voir que la Covid-19 n’est pas parvenue à briser la dynamique du Festival international du film dédié à la Transition écologique dont la troisième édition se tiendra du 18 au 22 novembre prochain au cinéma Le Klub à Metz.

Auparavant, une pré-ouverture est orchestrée le 17 novembre à Sarrebruck puisque l’initiative a intégré l’an passé le réseau européen Noé-Noah qui vise à promouvoir les actions innovantes trans-frontalières en faveur de l’environnement.

Cette année, c’est l’Institut et lui seul qui porte ce rendez-vous du 7° art au service de l’écologie. Un jury de présélection a visionné plus d’une cinquantaine de courts, moyens et longs métrages afin de désigner les 15 films en lice pour le podium final.

Fidèles à l’esprit cosmopolite du Festival, ces documentaires grand public révèlent le travail de cinéastes français et étrangers qui ont su cibler et ainsi vulgariser par l’image et le son un large panel de thématiques significatives de l’empreinte de l’homme sur la biosphère.

Présidé par le talentueux réalisateur naturaliste et producteur lorrain Dominique Hennequin, ce troisième opus a, comme les deux précédents, invité les vidéastes Youtubeurs à s’exprimer le soir du 18 novembre, programmé le vendredi suivant en matinée la présentation à des gamins du primaire de vidéos concoctées par des écoliers dans le cadre de Youth4Planet et enfin étayé de débats post-projections la quinzaine de films retenus en présence des réalisateurs concernés et de grands témoins.

Organisé en partenariat avec ARTE, USHUAÏA TV et France 3, le Festival a prévu le vendredi soir en cérémonie d’ouverture la diffusion inédite et hors compétition du film « Une fois que tu sais », d’Emmanuel Cappellin qui démontre que ce monde basé sur l’exploitation exponentielle de ressources limitées n’a pas d’avenir. Puis il s’achèvera le dimanche soir et encore pour la première fois à l’écran avec «Terra Libre », un long métrage de Gert-Peter Bruch sur le long et pathétique combat du cacique kayapo Raoni Metuktire et d’autres chef amérindiens contre la politique « de génocide, ethnocide et écocide» de Bolsonaro au Brésil.

Du haut de ses trois ans, l’événement messin n’a pas donc fini de grandir : contre les virus, les pollutions ou la fièvre climatique et face à l’impérieuse nécessité de changer de modèle, il se veut d’abord un outil d’éveil des consciences grâce au levier des salles obscures. En 2018 et 2019, il a prouvé qu’il fallait compter avec lui comme un lieu de réflexion et de prospective sur l’écologie. Alors en novembre 2020 et dans le respect des consignes sanitaires, bienvenue au KLUB !

Patrice COSTA

Vice-président de l’Institut Européen d’Ecologie